La gestion des déchets en France est un secteur clé pour notre économie, mais ses émissions carbone diminuent trop lentement et son taux de recyclage est encore insuffisant.
Secteur d’excellence de l’économie française, il représente 165 000 emplois directs et compte nombre de leaders européens et mondiaux. Cependant, la rentabilité moyenne des entreprises du secteur est faible pour l’activité tri et recyclage : elle est inférieure à la moyenne européenne de 11 points.
Alors que ce secteur représente aujourd’hui 5 % des émissions françaises, celles-ci ont légèrement augmenté au cours des cinq dernières années passant de 21,1 millions de tonnes de CO2e en 2018 à 21,6 en 2023. L’atteinte des objectifs 2030 de la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) est à risque avec un écart possible de 50 % à l’objectif (soit sept millions de tonnes de CO2e) si la tendance récente n’est pas infléchie.
Malgré des réserves sur la comparabilité des données Eurostat, les taux de recyclage français apparaissent pour plusieurs flux de déchets en-deçà des leaders européens. Le taux de recyclage des emballages métalliques est de 60 % en France en 2021 contre 75 % en moyenne en Europe ; de la même manière, le taux de recyclage des emballages plastiques est aujourd’hui de 23 % contre un objectif fixé par l’Union européenne de 50 % pour 2030.
Les déchets métalliques, un gisement sous-exploité
Les déchets métalliques représentent un gisement de valeur aujourd’hui sous-exploité : le développement du recyclage des métaux permettrait de sécuriser les approvisionnements en matériaux vitaux pour la transition énergétique, de réduire les émissions et de contribuer à la réindustrialisation du pays.
La France est le pays d’Europe dont les exportations nettes de déchets métalliques sont les plus élevées, atteignant six millions de tonnes en 2021. En d’autres termes, une part importante des déchets métalliques collectés en France sont triés et recyclés dans des installations situées dans d’autres pays.
A l’aube de la réouverture de plusieurs mines en Europe, la France dispose de gisements conséquents dans l’économie, de véritables « mines urbaines », qui peuvent représenter jusqu’à quatre à 12 ans de consommation annuelle suivant le métal, dont un maximum de 10 % est collecté sous forme de déchets chaque année.
Mieux exploiter ces gisements « urbains » représenterait une opportunité de capturer une partie de la valeur associée et ainsi d’améliorer la souveraineté industrielle française.
Les déchets plastiques, vers une approche pragmatique et crédible
Tous les plastiques ne peuvent pas être recyclés, en raison d’impossibilités techniques, de non-compétitivité ou encore de bilan environnemental défavorable. La double priorité doit donc être, d’une part, de limiter leur consommation et, d’autre part, de rendre leur recyclage plus attractif pour la fraction recyclable. La France produit aujourd’hui cinq millions de tonnes de déchets plastiques par an, soit l’équivalent de 13 % des déchets municipaux, ce chiffre étant en augmentation de 1 % par an. La France a une marge de progression par rapport aux pays les plus avancés sur les taux de recyclage des emballages plastiques.
Le recyclage des plastiques a actuellement un potentiel de progression limité et laisse plus de 80 % de déchets orphelins car contrairement à la plupart des métaux, le déchet plastique perd une partie de ses propriétés pendant le recyclage. Au maximum 40 % à 60 % des déchets plastiques sont recyclables avec les technologies de recyclage actuelles. Le recyclage ne peut donc pas être la seule solution pour la gestion des déchets plastiques.
Des solutions existent pour limiter la pollution plastique et les émissions liées au traitement de ce flux. De nombreuses mesures en faveur de la lutte contre la pollution plastique sont mises en place par les régulateurs. Cependant les mesures les plus impactantes ne verront pas le jour avant 2030 ou 2040. Pour faire face à ces insuffisances, d’autres leviers sont envisageables à différentes étapes du cycle de vie du déchet plastique, par exemple inciter à l’éco-conception et l’introduction de taux de réincorporation planchers.