Comme chaque année, notre groupe Marsh McLennan et les équipes d’Oliver Wyman contribuent à la rédaction du rapport du Forum de Davos sur les risques mondiaux. Cette 18ème édition se fonde sur la perception des risques mondiaux de 1200 experts issus des secteurs public et privé, ainsi que de la société civile et du monde académique.
Le rapport brosse le portrait des risques majeurs anticipés pour nos économies, systèmes politiques et sociétés au cours de la prochaine décennie. L’année 2022 a vu ressurgir des risques considérés comme « anciens » (inflation, crises du coût de la vie, guerres commerciales, spectre de la guerre nucléaire). Ces « anciens » risques sont amplifiés par l’émergence de nouveaux risques et tendances : niveau sans précédent d’endettement, mouvement de démondialisation, repli des indicateurs de développement humain (IDH) le plus important de ces dernières décennies et émergence de tensions plus ciblées, telles que la multiplication des technologies duales (à usage civil et militaire). Alors que nous entrons vraisemblablement dans une phase de croissance atone et de coopération internationale affaiblie, ce nouveau contexte risque de fragiliser l’action collective pour le climat, le développement humain et les capacités futures de résilience.

Sept enseignements clés émergent sur la perception des risques à court et plus long termes :
1. Notre panel d’experts internationaux juge que les risques mondiaux sont dominés, à court terme, par le coût de la vie, et à long terme par l’échec des mesures climatiques. En particulier, le rapprochement des points de bascules de la biodiversité et des écosystèmes – c’est-à-dire le seuil à partir duquel un système change drastiquement d’état, pouvant entraîner alors des conséquences irréversibles – est alarmant ;
2. La prochaine ère économique risque d’être marquée par la stagflation, par les divergences accrues entre pays riches et pauvres et par une détresse sociale croissante ;
3. La fragmentation géopolitique entraînera des conflits géoéconomiques et accroîtra le risque de conflits multi-dimensionnels. Une course à l’armement technologique n’est pas à exclure ;
4. La dimension technologique exacerbera les inégalités entre pays, lesquels auront accès, ou non, aux nouveaux sauts technologiques (Intelligence Artificielle, ordinateur quantique, etc.). En même temps, le risque cyber est renforcé par l’interconnexion croissante des technologies et la non-maîtrise des nouvelles technologies ;
5. Alors que nous assistons à un effondrement de la nature, des arbitrages risquent d’être pris au détriment des besoins d’atténuation et d’adaptation, en particulier sous contrainte budgétaire forte. Or, sans investissement majeur, le dérèglement climatique et la destruction des écosystèmes naturels s’accélèreront avec des conséquences sans précédent sur nos économies, les flux migratoires, et, plus largement, nos sociétés ;
6. Les crises alimentaires, énergétiques et du coût de la vie creusent les vulnérabilités sociales. La chute des investissements dans le développement humain érode nos capacités futures de résilience ;
7. Le risque de poly-crise (l’effet d’entraînement de crises majeures de types différents) est accru par la volatilité croissante dans de nombreux domaines. De surcroît, les difficultés actuelles de la coopération internationale compromettent les capacités de prévention et de réponse collective à des chocs de plus en plus complexes et interconnectés.