Quelle feuille de route pour une livraison e-commerce neutre en carbone ?
Le développement croissant de nouvelles formes de livraison e-commerce est une opportunité pour les consommateurs, mais il complexifie la bonne compréhension de lʼimpact environnemental de leurs achats en ligne.
Dans une étude précédente publiée en 2021, nous avions démontré que les achats en ligne réalisés en Europe généraient en moyenne 1,5 à 2,9 fois moins de gaz à effet de serre (CO2e) que ceux réalisés en magasin. Cette étude montrait également que les émissions de ces deux formes d’achat varient considérablement en fonction de la nature des produits concernés, du pays et, surtout, de la localisation et du comportement dʼachat des consommateurs.
Cette nouvelle étude a pour objectif de comparer plus précisément les émissions (CO2e) des différents modèles de livraison du e-commerce aujourd’hui (à domicile, en point relais, en express, …), d’en analyser les principaux facteurs et d’identifier des moyens de les réduire à horizon 2030 et au-delà de 2040.
Pour répondre à ces questions, nous avons recueilli des données sur six pays européens : France, Allemagne, Italie, Espagne, Suède et Royaume-Uni. Lʼétude s’appuie sur des enquêtes auprès de consommateurs, des entretiens avec des opérateurs de transport et un modèle dʼévaluation des émissions élaboré pour ce rapport. Voici quelques-unes des principales conclusions.
Les consommateurs attendent une livraison de plus en plus rapide, davantage d’options de livraison et accordent une plus grande attention à l’environnement
Au-delà du prix, les consommateurs sont confrontés à trois grandes questions lorsquʼils choisissent leur mode de livraison : préfèrent-ils une livraison à domicile ou à un point de retrait proche de chez eux ? Dans quel délai veulent-ils recevoir leurs achats ? Et quel est impact environnemental des différentes options proposées ?
La livraison à domicile reste lʼoption privilégiée dans les six pays étudiés pour recevoir un article acheté en ligne. En moyenne, plus de 60 % des acheteurs en ligne disent la privilégier : 60 % pour les jeunes consommateurs, et jusquʼà 76 % pour les plus de 65 ans.
La livraison rapide (en deux jours ou moins) est un facteur de décision important pour 45 % des acheteurs en ligne et jusquʼà 72 % des acheteurs fréquents.
Près de 30 % des acheteurs en ligne indiquent qu’ils portent une attention particulière à lʼimpact environnemental de leurs achats, soit de manière systématique, soit pour une majorité de leurs achats. 87 % de lʼensemble des acheteurs en ligne seraient prêts à modifier leurs habitudes si cela pouvait réduire leur impact environnemental.
Les émissions des modèles de livraison sont davantage liées à l’adéquation des moyens aux volumes transportés et au mix énergétique du pays qu’à la vitesse
Notre analyse montre que la livraison à domicile, en deux jours ou plus, dʼun seul colis de 1 kg par la voie postale la plus largement utilisée dans un pays (dite « livraison nationale standard » dans cette étude) génère en moyenne 1 075 gCO2e.5
Nous avons comparé différents modèles de livraison pour identifier les principaux facteurs influant sur les émissions. Les résultats montrent que le meilleur moyen de minimiser les émissions par colis ne consiste pas à réduire la vitesse de livraison, mais à massifier la livraison du dernier km, et à utiliser les véhicules ayant la plus grande capacité de chargement possible sur les lignes de transport entre centres de tri et agences de livraison. Le deuxième facteur le plus important est la taille et la localisation des bâtiments utilisés.
En tant que telle, la vitesse de livraison n’a pas d’influence directe sur les émissions. Si lʼon classe les options de livraison en fonction du délai d’acheminement jusqu’au consommateur (depuis le moment de sa commande), les émissions forment une courbe proche d’un U : les options les plus rapides et les plus lentes affichent les niveaux d’émissions les plus élevés (voir Illustration 1). Lʼoption la plus lente, à savoir la livraison internationale (en 10 jours ou plus), est celle qui génère le plus dʼémissions (six fois le niveau de la livraison nationale). Les livraisons nationales (en un à quatre jours) génèrent des émissions comprises entre moins 10 % et plus 15 % comparées à la livraison nationale standard. Enfin, les options de livraison le jour même peuvent produire des émissions jusquʼà trois ou quatre fois supérieures à la livraison nationale standard.
Feuille de route de la décarbonation : jusqu’à -30 % atteignable dès 2030, puis -60 % au maximum du potentiel des technologies connues à date
Parvenir à réduire de 30 % les émissions de gaz à effet de serre dʼici à 2030 implique d’agir sur l’ensemble des facteurs dʼémissions, en combinant généralisation des meilleures pratiques opérationnelles actuelles, déploiement massif des nouvelles motorisations propres et amélioration des mix énergétiques nationaux. Cet objectif de 30 % est dérivé des objectifs de réduction d’émissions fixés par la Commission Européenne respectivement pour chacun des poids lourds, véhicules légers, emballages et mix énergétiques nationaux, entre autres. À plus long terme, en exploitant les facteurs de décarbonation au maximum de leur potentiel identifié aujourd’hui, une réduction de 55 à 60 % des émissions (448 gCO2e) est envisageable.
Ce rapport est le résultat d’une étude indépendante menée par Oliver Wyman, sur une période de 12 semaines et à la demande d’Amazon. La méthodologie a été définie par Oliver Wyman indépendamment d’Amazon. L’analyse, les conclusions et les projections sont uniquement celles d’Oliver Wyman. L’analyse est basée sur des statistiques officielles jusqu’en 2021 (sauf indication contraire) et sur des informations publiques. L’étude n’utilise aucune information privée provenant d’Amazon ou d’autres détaillants ou opérateurs de transport. Les données sur le comportement des consommateurs sont basées sur des enquêtes exclusives menées par Oliver Wyman en 2022 en Europe (France, Allemagne, Royaume-Uni, Suède, Italie, Espagne).